Implantée depuis 2003 à Verrières-le-Buisson, ville arboretum en Essonne, l’entreprise Silvavenir est un concentré d’expertise sur l’arbre. En forêt ou en ville, dans un parc public, celui d’un ministère ou d’un siège social d’entreprise, en copropriété, dans un jardin de particulier ou un parc d’attractions, l’arbre est la sève de cette PME fondée en 2001 par Bruno Mayeux. Rencontre-découverte avec ce dirigeant passionné de 53 ans, expert forestier agréé, spécialiste en conseil arboricole et expert judiciaire auprès de la cour d’appel de Paris.
Comment choisit-on un jour de devenir expert forestier, Bruno Mayeux ?
« Il s’agit pour moi d’une véritable conversion faite à 30 ans. Après mes années lycée, j’ai multiplié les ‘petits boulots’ d’abord en Ile-de-France puis sur Grenoble, jusqu’à une rencontre bouleversante lors d’un entretien de recrutement qui m’a fait me poser les bonnes questions, une forme d’introspection. Ce qui me faisait vibrer alors -et toujours-, c’étaient les milieux naturels et leurs fonctionnements, la montagne, l’escalade… J’avais aussi envie d’apporter quelque chose dans le monde qui m’entoure. Aussi, petit à petit, s’est dessiné concrètement le projet de travailler dans la nature. Vaste ! Puis, dans cette recherche, une nouvelle rencontre avec un passionné de forêt m’a transmis le ‘virus’. Ainsi, de 1990 à 1992, j’ai suivi un bac et un BTS de gestion forestière à Besançon. L’arbre, son fonctionnement dans le contexte de la forêt, une véritable révélation qui continue de m’animer au quotidien avec mon équipe ».
Parlez-nous de votre parcours professionnel. Salarié ? Entrepreneur individuel ? Dirigeant de PME ?
« Pendant mon BTS, j’ai eu la chance de faire un stage chez un expert forestier dans un cabinet reconnu qui m’a apporté à la fois sur mon domaine de compétences initial, la forêt, et m’a ‘enraciné’ sur le plan humain. Dès 1994, je me suis mis à mon compte étant sollicité pour des missions régulières par le Comité des Forêts, organisation qui réunit les propriétaires forestiers privés français. Apporter des conseils en fonction des problématiques rencontrées par mes clients, impliqués souvent depuis de nombreuses années et sur plusieurs générations dans la gestion de leurs forêts, m’a captivé. C’est ainsi que j’ai développé une expertise sur l’inventaire statistique et que je suis devenu un des adeptes de la sylviculture pro silva, aujourd’hui majoritairement adoptée. Depuis 2009, j’ai eu le plaisir d’étoffer mon équipe. Nous sommes 4 avec un ‘tronc commun’ l’arbre et des spécialités complémentaires (géomaticien, aménagements paysagers…), une équipe jeune (moyenne d’âge des collaborateurs : 25 ans) et engagée ».
Avec un savoir-faire initial sur la forêt, comment Silvavenir a étoffé son champ de compétences à l’arbre en ville et au conseil arboricole tout en capitalisant sur son expertise forestière ?
« Grâce aux questions de nos clients. En effet, à partir de 2004, étant de plus en plus interrogés sur l’arbre dans un contexte urbain et sur les questions de structure mécanique de l’arbre en ville tout en ayant toujours à cœur de donner le meilleur de nous-mêmes et de nous démener pour nos clients, nous nous sommes formés auprès de l’atelier de l’arbre et, en Allemagne, en assistant à des séminaires du Professeur Claus Mattheck. Sur la même période, en 2007, mon expérience forestière a été validée par mes pairs et je fais partie des 184 Experts Forestiers de France m’engageant notamment à suivre 26 h de formation par an minimum sur la gestion de l’arbre ».
Vous êtes également expert judiciaire, Bruno Mayeux, depuis 2010, cela consiste en quoi ?
« J’ai fait le choix de devenir expert judiciaire car j’aime analyser et comprendre les situations, l’objectif étant que j’apporte tous les éléments de compréhension en toute objectivité et neutralité au juge pour qu’il tranche le litige ».
Et pour conclure avec légèreté notre entretien, avez-vous quelques anecdotes à nous faire partager autour de l’arbre ? Avez-vous un arbre préféré ? Un livre préféré sur l’arbre ?
« En mai 2013, un voyage au Japon m’a profondément touché me sortant des schémas traditionnels occidentaux des soins apportés à l’arbre : j’y ai vu des arbres béquillés, pour certains presque fossilisés. Une approche que nous pouvons observer depuis en arboretum par exemple comme à celui de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) où vous pouvez admirer ’un cèdre bleu pleureur de 680 m² de surface de ramure, classé arbre remarquable au niveau national’ . Un arbre préféré, c’est une question difficile ? Je les aime tous. Je dirais plutôt un arbre qui m’a marqué : le chêne millénaire d’Allouville en Normandie, ‘l’arbre le plus vieux de France’. Une lecture sur les arbres que j’ai aimée
particulièrement serait Oeuvre écrite du Suisse Henry Biolley (1858-1939) pour sa fine observation de la forêt à Couvet et sa remarquable retranscription ».