Tandis que la direction Ile-de-France de l’ONF a adopté la sylviculture pro silva pour toutes les forêts franciliennes qui s’étendent jusqu’à la Normandie depuis près de 2 ans, Bruno Mayeux nous éclaire sur cette méthode de gestion forestière dont il est l’un des promoteurs depuis 25 ans et qui tenait colloque à Strasbourg les 10 et 11 octobre 2018.
Simplification de la gestion forestière
« Du début du XXe siècle jusqu’aux prémices des années 90, la gestion forestière qui prédomine sur le territoire national est une sylviculture rationnelle, en futaie régulière. Ainsi, les mêmes espèces, de mêmes âges, sont plantées dans les forêts françaises. L’expert forestier domine le naturel et simplifie sa gestion. Néanmoins, la contrepartie c’est le passage à vide de certaines futaies selon les cycles de vie.
Une sylviculture plus proche de la nature et de la forêt
Parallèlement dès 1901, des forestiers suisses dont Henry Biolley promeuvent une gestion Pro Silva. Les latinistes l’auront compris, il s’agit d’une sylviculture continue, proche de la nature et de la forêt, irrégulière et mélangée, qui privilégie la gestion de plusieurs essences et de ‘toutes les grosseurs depuis celle de la plantule à celle du vétéran’*. Les composantes des forêts sont plus équilibrées, ‘la regénération est permanente’*.
Une forêt qui remplit toutes ses fonctions grâce à cette gestion
Ce type de sylviculture ‘durable et pragmatique’ m’est apparu comme ‘une évidence’ quand je l’ai découverte pendant mes études et auprès de mon maître de stage tandis que notre formation n’intégrait pas encore son enseignement. Dès 1994, lors de mon installation, j’ai adhéré à l’association pro silva France, dont je suis un des administrateurs depuis 2005. Les atouts de cette gestion forestière, je les constate et les mesure au quotidien avec ma pratique des inventaires statistiques par placettes permanentes : la forêt remplit toutes ses fonctions écologique, sociale et économique ».
*Source : http://pro-silva-helvetica.ch/pdf/Portrait01_f.pdf Définition tirée des ouvrages d’Henry Biolley et de Walter Ammon