Des soins pour les arbres
Pourquoi il n’y aurait que le genre animal qui aurait droit au bienfait thérapeutique et à un accès aux soins ?
L’arbre, organisme vivant complexe et encore méconnu, a de nombreux fans en tous genres : scientifique, botaniste, élagueur …
Il en existe un, spécialisé sur la santé, la vitalité et la mécanique des arbres. Il se fait appeler, arboriculteur, expert arboricole, technicien de l’arbre ou encore Docteur de l’arbre.
Cette discipline née à la fin du XXème siècle vise à diagnostiquer, quantifier, évaluer la santé des arbres et leurs stabilités.
En effet, l’arbre en milieu urbain est soumis à de très nombreuses contraintes (réseaux souterrains, sel de déneigement, travaux de voirie, taille drastique, …). La vie d’un arbre en ville n’est pas de tout repos. Les maladies des arbres appelées éléments pathogènes (champignons lignivores, insectes) sont courantes.
Mais comment fait-on pour savoir si un arbre est malade, me direz-vous ?
Cette question est bien légitime, dans la mesure où ces êtres ne parlent pas, n’aboient pas et ne miaulent pas.
Et pourtant, les arbres ont bien des symptômes liés à leurs maladies et leurs stress.
Pour mieux me rendre compte de ce drôle de métier rien de mieux qu’un exercice pratique. J’accompagne donc M. MAYEUX, gérant de la société Silvavenir et expert arboricole, sur un cas concret.
Le patient est un magnifique Tilleul situé dans une résidence. Après un temps d’observation sur toute la partie aérienne de l’arbre, M. MAYEUX, donne des coups sur le tronc à l’aide d’un maillet. Il m’explique alors que cela permet de détecter si l’arbre a des cavités. En effet, un arbre creux produit un son bien distinct d’un arbre sain.
« Cet arbre m’inquiète un peu » s’exclame M. MAYEUX. J’avoue ne rien voir si ce n’est un bel arbre. Mais un œil aguerri ne s’y trompe pas.
Il m’explique alors que l’arbre a une faiblesse physiologique, qu’il a un nombre de branches fines sèches anormalement présentes. « Ce sont les signes d’un stress. Cet arbre est bien malade » affirme l’expert.
L’investigation continue. En effet, les coups de maillet ont permis de mettre en évidence une dégradation importante sous l’écorce à la base du tronc. Ces symptômes cumulés sont inquiétants, aux dires de l’expert, un diagnostic approfondi est donc nécessaire.
M. MAYEUX utilise donc un résistographe : appareil permettant de mesurer la résistance mécanique interne du bois.
Le résultat est sans appel, l’arbre doit être abattu. « Cet arbre est totalement creux, les seuils de sécurités sont dépassés. Cet arbre est malade et dangereux » affirme l’expert.
La dégradation est due à un champignon lignivore.
En conclusion M. MAYEUX m’explique que pour cet arbre aucune autre solution que l’abattage n’était possible, car le bois est trop dégradé. La sécurité des riverains est primordiale. Mais ce sort n’est pas le cas de tous les arbres malades. Bien au contraire.
« Notre métier consiste à conserver les arbres même malades, tout en assurant la sécurité des lieux par un suivi et un traitement adapté.
L’homme et le végétal peuvent parfaitement cohabiter en ville ».